Écris!

 » En ce monde, tout a commencé par un oui. Une molécule dit oui à une autre, et la vie naquit. Mais avant la préhistoire, il y eut la préhistoire de la préhistoire et il y eut le néant et il y eut le oui. Toujours il y eut – quoi, je ne sais, mais je sais que jamais l’univers n’eut de commencement. Que nul ne se méprenne: je n’atteins à la simplicité qu’au terme d’un long travail. Tant que j’aurai des questions à poser, tant que je n’aurai pas de réponse, je continuerai à écrire. Comment aborder l’origine, si les choses adviennent avant d’advenir? Si, avant la préhistoire, il y eut déjà des monstres apocalyptiques? Si cette histoire n’existe pas encore, elle finira par exister. »

Clarice Lispector – L’heure de l’étoile

Penser est un acte. Écrire en est un autre …

J’écoute le récit fondateur, fresque musicale, prosodie  versifiée, diversifiée, mensongère. Je suis née sur ces rives mais je n’ai rien entendu des arrimages de faux prophètes. Allongée sous le Ciel Tout-Puissant, je me laisse bercer par le chant des gauleurs d’olives. Rhapsodie raffinée de la sève transparente qui m’enduisait la peau depuis les entrailles de ma mère. 

Récit mais lequel? Le énième? Le prochain ?

Quelle piste prendre dans ce labyrinthe à multiples entrées mais sans aucune sortie de secours?

Le chemin se replie sur lui-même, les traces invisibles s’effacent. Je poursuis ma quête dans l’insignifiance, le blanc, les marges, les plis, les écarts, les impasses, les va-nulle-parts. Je tourne en rond dans la nuit muette, mutilée, mutante.                                

J’erre, je déambule dans mon destin illisible. Des mots traitres parviennent, étrangers à ma mémoire, des boulets à mes doigts. J’exhume le silence millénaire, je dépoussière les pas sacrés et sacrilèges, calligraphie d’une histoire à réinventer…

Ici et maintenant commence l’aventure Zeugma.

écrire, c'est regarder au delà du visible

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